Une note griffonnée qui traîne dans le sable et qui compte une histoire, un cliché des souvenir d'une vie.Dormir, et toujours ce cauchemar.
Animal qui gronde en moi, qui rugit en revivant lui aussi cela.
Fantassins lourds qui traquent et tuent, sans distinction, sans états d'âmes.
Essaim d'abeilles, des enfants qui virevoltent, sorte de nul part et tombent sur les soldats qui se sont trop avancés dans les ruines de la ville.
Éclats d'acier, armes tranchantes qui deviennent rouge, cris des hommes et mes propres cris, ceux d'une enfant.
Je dirige le massacre; eux ou nous.
Avant garde qui faiblit, certains pleurent en se tordant de douleurs.
Je n'aurai cru qu'ils puissent pleurer, moi je ne le peux plus.
La bête hurle de bonheur en moi, sang sur mes mains, elle ronronne et je tue encore et encore.
Grondement proche, puis un rugissement, langue de feu jaune qui enveloppe les premières lignes.
Corps qui tombent en se tordant de douleur, incapable de hurler, gorge brûlée par les flammes.
Des insectes humains qui flambent, qui crépitent et derrière des fantassins qui avancent, portant des tubes sombres qui crachent l'enfer.
La bête s'est tue, la peur, l'horreur, ainsi elle a ses limites elle aussi, et j'attends que le souffle me fauche à mon tour.
Tête qui explose sous l'impact d'une balle, les fantassins semblent surpris. Ils se tournent dans tout les sens sans comprendre et tombent les uns après les autres trop chargés pour courir se mettre à l'abri.
Je ferme les yeux, puis je regarde et ils sont tous morts, mes amis aussi.
Des hommes avancent vers moi, disciplinés, ils sont jeunes mais ont le regard des vieux soldats.
L'un d'eux me regardent en souriant et me tend la main.
Sorti des ruines avec eux, pas de la guerre.
J'apprends sans qu'ils ne m'enseignent. Eux aussi semblent perdu dans ce pays, dans cette guerre.
Un jour, je me réveille et ils ne sont plus là.
Puis le monde sombrera définitivement et je me souviens du jeune soldat qui priait parfois.
Souvenir d'un homme dans ces mots:
- Citation :
Je m'adresse à vous, Mon Dieu,
Car vous donnez
Ce qu'on ne peut obtenir que de soi.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu'on ne vous demande jamais.
Je ne vous demande pas le repos
Ni la tranquillité,
Ni celle de l'âme, ni celle du corps.
Je ne vous demande pas la richesse
Ni le succès, ni même la santé.
Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement
Que vous ne devez plus en avoir.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi ce que l'on vous refuse.
Je veux l'insécurité et l'inquiétude.
Je veux la tourmente et la bagarre
Et que vous me les donniez, mon Dieu, définitivement.
Que je sois sûr de les avoir toujours,
Car je n'aurai pas toujours le courage
De vous les demander.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas.
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la Foi.
Car vous êtes seul à donner
Ce qu'on ne peut obtenir que de soi